Plutôt avare en propositions, le programme de Patrick Revelli (LREM) dessine une identité forte de sa ville, entre futurisme et ultra-sécurité. À mi-chemin entre « 2001, l’odyssée de l’espace » et « Orange mécanique ».
En septembre 2019, le choix de Patrick Revelli comme tête de liste de la République en Marche pour les élections municipales de Saint-Étienne devait créer un effet de surprise et permettre au parti présidentiel de prendre un temps d’avance sur ses concurrents. Or il a fallu attendre cinq mois pour que l’ancien footballeur vedette des années 1970 finalise sa liste et ses propositions. En ce vendredi 28 février, il vient tout juste de présenter son programme aux journalistes. Soit deux semaines avant le premier tour…
Vision singulière
Pour combler son entrée très tardive en campagne, l’ancien attaquant des Verts semble vouloir se démarquer sur le fond. Si son programme est assez léger, avec peu de propositions et des domaines importants peu traités, comme l’action sociale ou les écoles, il propose une vision de sa ville très singulière : ultra-futuriste et ultra-sécuritaire. En parcourant son programme, le lecteur-électeur a parfois l’impression de naviguer dans la filmographie de Stanley Kubrick, passant de « 2001 l’odyssée de l’espace » à « Orange Mécanique ».

Côté futurisme, Patrick Revelli veut « poser les bases du Saint-Étienne horizon 2050 » afin de « faire entrer Saint-Étienne dans le 3e millénaire ». Son projet, c’est la « smart city stéphanoise ». Pour lancer cette opération qui pourrait s’intituler « 2020 l’odyssée de Sainté », il propose tout d’abord de « lancer un grand concours d’urbanisme » afin de revoir complètement le schéma dessiné au début du 19e siècle par les architectes Dalgabio, « avec un plan en damier autour de notre chère grand’Rue ». Selon lui, « ce modèle ne fonctionne plus ».
Solutions connectées
Il promet que « tous les bâtiments municipaux seront équipés de solutions connectées et intelligentes pour lutter contre le gaspillage énergétique ». Et il annonce : « avec le numérique (…) nous apporterons de nouveaux services notamment de E-Administration ». La capitale du Forez deviendra ainsi « un exemple en matière de numérique ». Tout en précisant bien, à plusieurs reprises, que tout cela se ferait « dans le respect des libertés individuelles ». Une précision qui n’est pas forcément de nature à rassurer quand on se plonge dans l’autre grand thème développé par le candidat de LREM : la sécurité.

En ce domaine, le constat qu’il dresse de sa ville semble tout droit sorti d’« Orange mécanique » : « L’insécurité est grandissante, et les infractions constatées sont en hausse, la tranquillité publique est mise à mal, les incivilités galopent et les relations entre Stéphanois se tendent. » Sa réponse tourne autour de deux axes. Le premier repose sur le « partenariat » et le « dialogue » entre les différents acteurs de la sécurité. Patrick Revelli veut un « dialogue retrouvé entre tous les services » : police municipale, police nationale, justice, sapeurs pompiers, prévention de la délinquance, prévention de la protection judiciaire de la jeunesse, vidéoprotection. Cela promet de sacrées réunions en perspective…
Guerre des polices
Il insiste plus particulièrement sur les relations entre la police municipale et la police nationale, appelant à « des vrais partenariats de sécurité utiles et efficaces ». Ce qui supposerait qu’ils étaient jusque-là « faux », « inutiles » et « inefficaces ». Pas sûr que les principaux intéressés apprécieront. Souligner l’importance du dialogue entre la ville et l’État permet de raviver les tensions très fortes entre le maire et le préfet qui ont émaillé notamment les manifestations de gilets jaunes à Saint-Étienne. Patrick Revelli appelle de façon très explicite à « renouer confiance et dialogue constructif entre la ville et les services de l’Etat ». Le deuxième axe de cette politique sécuritaire repose sur… les nouvelles technologies.

La « smart city stéphanoise » le sera aussi en matière de surveillance généralisée. Le candidat de la République en Marche se distingue par une forme de surenchère avec le maire sortant, lui-même apôtre des technologies de surveillance, audio comme vidéo. Il souhaite l’installation de « caméras de vidéoprotection nouvelle génération sensibles aux mouvements et reliées par fibre optique au centre de supervision urbain (CSU) ». Et souhaite l’application d’un principe qui se résume à une formule : « une place – des commerces – une caméra ». Même la nouvelle déchetterie qu’il veut créer verra son site « protégé par de la vidéo ».
Encore plus fort, il étudiera « les possibilités qu’offre le numérique pour assurer la sécurité des biens et des personnes ». Sans aucune précision supplémentaire. Ce qui peut laisser imaginer tous les possibles… Le tout, bien sûr, « sans nuire aux libertés individuelles et fondamentales ». Le simple fait de devoir préciser une telle évidence laisse tout de même planer un léger doute.
LES TROIS MESURES LES PLUS MARQUANTES

- Installation de caméras de vidéoprotection nouvelle génération sensibles aux mouvements et reliées par fibre optique au centre de supervision urbain (CSU)
- Rappels à l’ordre des parents d’enfants délinquants (sans en préciser les modalités)
- Création de conseils de démocratie locale autonomes et indépendants dotés d’un budget de 20 millions d’euros
LA MESURE LA PLUS ORIGINALE

- Lancement d’un concours d’architecture pour redessiner la ville
LA MESURE LA PLUS ABRACADABRANTESQUE

- « Il faut proposer «une Expérienœ Commerce à Saint-Étienne » et dépasser la seule notion d’achat. »
LES PRINCIPALES MESURES PAR GRANDS THÈMES
SÉCURITÉ
Installation de caméras de vidéoprotection nouvelle génération sensibles aux mouvements et reliées par fibre optique au centre de supervision urbain (CSU)
Rappels à l’ordre des parents d’enfants délinquants (sans en préciser les modalités)
Réactivation des Conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD)
Mise en place d’un groupe local de traitement de la délinquance
Ouverture d’un Hôtel de Police municipale dans l’ancien immeuble de la sécurité sociale
Création d’une police des transports urbains
ENVIRONNEMENT – CADRE DE VIE
Lancement d’un concours d’architecture pour redessiner la ville
Tous les bâtiments municipaux équipés de solutions connectées et intelligentes pour lutter contre le gaspillage énergétique
Végétalisation des abribus et bâtiments municipaux
Un arbre offert à chaque nouveau-né stéphanois
100 % de produits issus de l’agriculture raisonnée dans les Ehpad et les cantines et création d’une ferme métropolitaine pour les approvisionner
Rétablissement la brigade de l’environnement pour verbaliser jets de chewing-gum, jets de mégots et déjections canines hors zones dédiées
Création d’espaces réservés aux chiens, séparés de 400 mètres maximum
Construction d’un mur anti-bruit entre Montplaisir et Solaure
Rénovation totale de l’axe Beaubrun-Ursules-Charité
Création d’une maison du développement durable dans l’espace Dorian
Ouverture d’une seconde piscine l’été
TRANSPORTS
Gratuité des transports en commun le samedi
Gratuité des parkings relais le samedi
Création de 500 places de parking
Renouvellement de l’ensemble du parc des transports en commun
SANTÉ
Ouverture d’un pôle de santé dans l’ancien immeuble de la sécurité sociale
Création d’un réseau de maisons médicales
PETITE ENFANCE
Création de places de crèche
Instauration d’un poste d’Atsem par classe en maternelle
DÉMOCRATIE LOCALE – GOUVERNANCE
Baisse de 20% des indemnités du maire et des élus de la majorité
Organisation de référendums locaux sur les grandes questions d’intérêt municipal
Création de conseils de démocratie locale autonomes et indépendants dotés d’un budget de 20 millions d’euros